Dans nos sociétés actuelles, efficacité, rentabilité et performances sont les voies imposées, et laissent peu de marge à l'erreur. Trébucher est souvent considéré comme couteux, dangereux, voire fatal. Et donc, on se l'interdit ! Quitte à ne plus prendre de risque du tout ! On s’installe dans nos zones de confort, on se limite à ce qu’on sait faire, à ce qu’on maitrise.
L'improvisation se propose de nous réconcilier avec l'erreur, du lui donner sa chance et d'y voir un potentiel de créativité. A travers nos ateliers, les propositions éphémères se multiplient, puisque ce qui est proposé n'existe que le temps de la construction d'une histoire et s’efface instantanément dès que celle-ci prend fin. Les conséquences sont donc annulées et le bide, l'erreur sont acceptés et même valorisés.
Oui, valorisés car c'est de l’inattendu que nait la créativité. Pour donner naissance à l'improbable, à la nouveauté, il faut tomber les barrières et s'autoriser l'approximation. C'est de la faute que naissent les plus belles inventions. Il parait que l'on appelle cela la sérendipité, celle-là même qui aurait donné naissance à de belles trouvailles grâce aux maladresses de certains (la loi de la gravité, la Tarte Tatin renversée par deux sœurs, le micro-onde…). Et l'improvisation, en autorisant la bévue ou la bourde, encourage le spontané, le lâcher prise, et donc la liberté créatrice.
Combien de fois ai-je entendu en atelier de la part de ceux qui sont en retrait "je n'ose pas parce que je n'ai pas d'idée". La peur du vide génère la censure. Pourtant, l'improvisation encourage l’immédiateté et le vide. Une personne qui s'avance dans l'espace scénique, c'est déjà une proposition de jeu : nul besoin d'une idée aboutie ou précise, c'est dans le moment, avec les propositions de l'autre que nait l'idée.
Chacun de nos ateliers revalorise l’erreur. Car comme l’affirme Keith Johnstone : “Nous avons fait une erreur ? C'est bien. Nous venons d'apprendre quelque chose.”
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